Balthus (Balthasar Kłossowski de Rola) est né à Paris le 29 février 1908 dans une famille polonaise très liée aux milieux littéraires et artistiques européens. Son père Erich est peintre, décorateur, critique et historien d’art. Sa mère Baladine dessine.
Artiste autodidacte, il s'intéresse très tôt au dessin et à la peinture. A 12 ans, il publie ses premiers dessins sous le titre "Mitsou le Chat" qui raconte l'histoire d'un jeune garçon et de son chat, animal que l'on retrouve dans de nombreux tableaux de Balthus. En 1921, à l'âge de treize ans, Balthus entre à l'Académie de Rueil-Malmaison, où il étudie les beaux-arts. Pendant cette période, il développe son propre style distinctif, inspiré par les maîtres anciens tels que Piero della Francesca et Le Caravage. Les sujets de ses premiers travaux sont souvent des natures mortes et des paysages. Il copie ensuite des œuvres du Louvre et part en 1926 étudier les fresques et les personnages de Piero della Francesca à Arrezo, ainsi que de Masaccio à Florence.
Dans les années 1930, Balthus s'installe à Berlin, puis à Genève, où il se lie d'amitié avec des écrivains et des artistes influents de l'époque, tels que Rainer Maria Rilke et Albert Einstein. En 1934, il expose ses œuvres pour la première fois à Paris, suscitant l'admiration et la controverse. La carrière de Balthus prend son essor dans les années 1940 et 1950, lorsqu'il réalise certains de ses tableaux les plus célèbres, tels que "La leçon de guitare" (1934) et "La chambre turque" (1965-1966). Ses peintures se caractérisent par une représentation minutieuse des formes, une atmosphère intimiste et une tension érotique latente.
Rare et discret, il est peu connu du grand public. Lui-même disait : "La meilleure façon de commencer est de dire : Balthus est un peintre dont on ne sait rien. Et maintenant, regardons les peintures." . Le " Roi des chats ", titre d’un de ses autoportraits, a en effet toujours souhaité s’entourer d’une aura de mystère, ce qui a sans aucun doute contribué à occulter sa personnalité et son œuvre aux yeux du grand public. En plus de la peinture, Balthus s'est également intéressé à la photographie et à la littérature. Il a publié plusieurs livres, notamment des essais sur l'art et des recueils de dessins. Sa passion pour l'écriture se reflète également dans ses peintures, qui racontent souvent des histoires ou suscitent des questions narratives.
Balthus est resté célèbre pour ses tableaux de jeunes filles souvent peintes dans des poses ambiguës exposées aux regards des voyeurs, jouant sur l'idée de l'innocence perdue à l'adolescence. Des oeuvres qui ont souvent choqué les visiteurs des musées. La Leçon de guitare (1934) est sans doute son œuvre la plus célèbre qui provoqua d'intenses controverses par son exposition d'une scène sexuellement explicite entre une jeune fille et sa maîtresse de musique. Cette peinture a même été soustraite à la vue du public aux Etats-Unis . "Je vois les adolescentes comme un symbole. Je ne pourrai jamais peindre une femme. La beauté de l’adolescente est plus intéressante. L’adolescente incarne l’avenir, l’être avant qu’il ne se transforme en beauté parfaite. Une femme a déjà trouvé sa place dans le monde, une adolescente, non. Le corps d’une femme est déjà complet. Le mystère a disparu."
En 1983, le Musée national d'art moderne (Centre Georges Pompidou) présente la première grande rétrospective de l'oeuvre de Balthus. Le 15 janvier 2001 création de la Fondation Balthus. Il meurt le 18 février 2001 dans son Chalet de La Rossinère en pays de Vaud en Suisse, il aura réalisé plus de 350 peintures et un millier de dessins et demeurera l'un des peintres les plus énigmatiques du XXème siècle. Balthus ne se considérait pas comme un artiste mais comme "un travailleur", il disait "l'Art est un métier".
"Depuis longtemps , la notion d'avant garde en peinture ne signifie plus rien. Les faux amateurs d'art, les spéculateurs achètent ce qu'ils ne savent pas déchiffrer, de peur de rater le coche. C'est le grand malentendu de l'art moderne. Ce phénomène a favorisé l'éclosion de la dictature de la non figuration, à laquelle s'opposent les dictatures expressionniste, surréaliste, minimaliste, non moins repoussantes et tout aussi prometteuses de réveils désagréables...Quand je peins, je n'essaie pas de m'exprimer, mais plutôt d'exprimer le monde". Balthus, (février 1998, interview au journal Le Figaro).
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