Le mot Dada, trouvé au hasard dans les pages d’un dictionnaire "ne signifie rien", il agit dans toutes les langues comme un défaiseur de sens, il est la parole qui
exprime au mieux l’essence du mouvement. Néanmoins, avant la découverte du mot et la création à Zürich du célèbre Cabaret Voltaire, où eurent lieu les principaux événements Dada,
"l’esprit dada", comme le nomment les critiques, existait déjà à Paris et New York dans les activités de Marcel
Duchamp, Francis Picabia, Man
Ray ou du poète Jacques Vaché.
S’attaquant au rationalisme et aux valeurs du 19e siècle, reflet d’une culture bourgeoise qui conduit au grand carnage de la Première Guerre mondiale, Tristan Tzara, dans son Manifeste
Dada 1918, prône le principe de contradiction, détruire pour mieux reconstruire, s'opposer à tout esprit de système, célébrer le non-sens et le jeu, le paradoxe, tourner en dérision,
provoquer et contester, désacraliser l'art et les expositions. Si Dada refuse la logique, ce n’est pas dans un simple cri de révolte qu’il s’exprime, mais par des œuvres
d’art, même si elles se donnent comme anti-art.
"L’artiste nouveau proteste : il ne peint plus/ reproduction symbolique et illusionniste/ mais crée directement en pierre, bois, fer, étain, des rocs des organismeslocomotives pouvant
être tournés de tous les côtés par le vent limpide de la sensation momentanée", affirme Tzara dans son Manifeste qui, assumant la contradiction, se dit "contre les manifestes".
"Dada place avant l'action et au-dessus de tout : le doute. Dada doute de tout. Dada est tatou. Tout est Dada. Méfiez-vous de Dada." Et : "Nous ne reconnaissons aucune théorie. Nous avons assez des académies cubistes et futuristes : laboratoires d'idées formelles. Fait-on l'art pour gagner l'argent et caresser les gentils bourgeois?" [...] ........." Tzara.
Les Dadas libèrent l’art de la soumission à un sens préétabli, ils libèrent les matériaux, la langue et toutes les formes d’expression plastique et verbale. Le mouvement n'aura duré que quelques années, éclipsé en France par le surréalisme, apparu moins d'une décennie plus tard mais aujourd'hui encore beaucoup d'artistes contemporains ont quelque chose de Dada dans leur démarche et leur façon de penser.
Maurizio Cattelan et son pape renversé par une météorite, Jeff Koons et ses aspirateurs éclairés au néon, Charles Ray et ses mannequins nus, Damien Hirst et son requin dans le formol, tous ont subi la contagion subversive de Dada. Tous misent sur l'humour, le scandale, ou la dérision; tous sont les petits-enfants des premiers dadaïstes.
Source : Centrepompidou.
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