Le Mouvement de l'Ecole de Pont-Aven

Paul Gauguin, le jour de dieu Mahana no atua (1894)
Paul Gauguin, le jour de dieu Mahana no atua (1894)

L'Ecole de Pont-Aven est le nom donné à un groupe d'artistes très différents sont venus régulièrement peindre dans le village de Pont-Aven (un petit bourg breton de 1 500 habitants) situé entre Concarneau et Quimperlé dans le sud-est du Finistère en Bretagne de 1886 à 1894. L'Ecole de Pont-aven regroupe principalement les mouvements du Cloisonnisme et du Synthétisme, leur représentant le plus illustre est bien entendu Paul Gauguin, ainsi que Paul Sérusier et Emile Bernard. Les artistes du groupe de Pont-Aven s'opposent farouchement à la peinture officielle, rejetttent le modèle gréco-romain et s'inspirent de l'estampe japonaise (Hokusai Katsushika), de l'art populaire et du Moyen-Age (vitrail, sculpture).

 

La bretagne, isolée des courants continentaux, semble aux hommes du XIXe siècle une terre immuable hors du temps, qui attire les artistes. Fuyant les salons parisiens, l'art bourgeois du XIXe siècle, les artistes vont particulièrement apprécier la qualité de vie en Bretagne et l'accueil chaleureux de Marie-Jeanne Gloanec dans son auberge à petits prix. Gauguin déclare avec enthousiasme :  "J'aime la Bretagne, j'y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce granit, j' entends le ton sourd, mat et puissant que je cherche en peinture." (Courrier de P.Gauguin à Schuffeneker). Les artistes s'inspirent du folklore et la culture bretonne, tels les costumes traditionnels bretons et la lutte bretonne. La campagne bretonne (les moulins), la forêt, le bocage, la mer, la rivière, les rochers et la vie de tous les jours sont aussi de bonnes sources de créations, ils prennent souvent comme modèle les habitants en train de vaquer à leurs occupations.

 

Ainsi l'interprétation de la nature, le désir de rendre directement une sensation par le trait, la forme, la couleur, c'est-à-dire par un équivalent abstrait, caractérisent cette peinture. De là, les formes plates, l'absence de perspective classique, de là, le contour - appelé cloisonnisme - qui attire l'attention sur ce qu'il cerne ; de là enfin les tonalités "synthétistes" dit l'Exposition universelle de 1889 et c'est bien de cela qu'il s'agit : une synthèse des estampes japonaises, des images d'Epinal, des vitraux du moyen âge, des arts primitifs. Les artistes de Pont Aven vont faire de la toile un lieu de réflexion. Le tableau n'est plus ce qu'il est depuis la Renaissance, "une fenêtre ouverte sur le monde", mais une surface qui accueille matière et couleur.

 

Emile Bernard et Paul Gauguin se disputent la paternité de l'Ecole de Pont-Aven, mais c'est le second qui en définit le mieux les objectifs dans une lettre à un peintre ami : "Ne peignez pas trop d'après nature, l'art est une abstraction, tirez-le de la nature en rêvant devant et pensez plus à la création qui en résultera qu'au modèle."

 

De l'Art Nouveau au Bauhaus, tout l'art du siècle va en être marqué.

 

Source :  Cédérom "ORSAY, 1848-1914"

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