Lucian Michael Freud, né le 8 décembre 1922 à Berlin (Allemagne), il fuit Berlin et émigre à Londres en 1933 avec ses parents (l'architecte Ernst Freud et son épouse Lucie) pour échapper au régime nazi. Lucian s’est baladé d’école en école, se faisant virer pour avoir montré ses fesses dans la rue, jeu quasi obligé des adolescents britanniques. Il fut même accusé, à tort semble-t-il, d’avoir mis le feu à l’un de ses premiers établissements d’art, avec un mégot mal éteint. En 1941, rêvant de gagner New York, il s’engage dans la marine, est démobilisé un an plus tard pour raison de santé. Il n’est pas allé à New York, mais grâce à une tête de cheval sculptée (il a toujours adoré les bêtes), il a pu entrer à l’école des arts appliqués de Londres. Sa première exposition personnelle a lieu en 1951. Ses débuts sont encore surréalistes. Il faut attendre les nus ou les portraits des années 1960 pour le voir embrasser ce style réaliste d’où sourd une violence extrême portée par une peinture épaisse, ocre, grise ou brune.
Le peintre était surtout connu pour ses nus et ses autoportraits ainsi qu'en témoigne son oeuvre phare de 1993 où il se peint sous les traits d'un vieil homme dénudé brandissant sa brosse à dents comme une arme. Lucian Freud est devenu célèbre pour avoir peint le portrait de la reine Elisabeth ll lors de son jubilé en 2001; une oeuvre contestée en Grande-Bretagne. La reine a le menton de travers et le cou d’un taureau, si bien que le tabloïd The Sun accusa le peintre d’avoir fait de la reine un travelo ("drag queen") et qu’un photographe du palais royal proposa de jeter le peintre au cachot. Au même rayon des portraits, le top model à scandale Kate Moss fut furieuse du sien, enceinte, si bien qu’elle le racheta aux enchères pour l’enfouir au placard. Jerry Hall, épouse de Mick Jagger, qu’il avait peinte en train d’allaiter son Jagger Jr., n’était pas contente non plus et menaça de lui faire un procès ; alors, Freud repeignit le visage de son assistant par-dessus, le bébé restant là sur le sein. Lucian Freud est sans conteste l'un des plus grands artistes réalistes que le monde de l'art ait connu, c'est une figure de l'art contemporain, et son œuvre se situe d'emblée dans la grande tradition de la peinture européenne. Dans le secret de l'atelier, les modèles qui pour la plupart sont souvent des anonymes, à l'exception de ses amis comme le peintre Francis Bacon s'exposent sans la moindre sensiblerie aux regards du peintre. Ses deux modèles de prédilection étaient de vrais personnages : Leigh Bowery, extravagante vedette de la scène gay de Londres, et Big Sue, surnommée "Benefits Supervisor", car elle travaillait dans les services sociaux de la ville. Il s’est longuement confronté à leur nudité, exagérant des chairs tombantes et énormes, des appareils génitaux posés au centre du tableau, des peaux blêmes, frôlant le morbide.Son pinceau recomposant les corps en volumes nets et vigoureux à la fois fascinants et repoussants, faisant ainsi revivre la sensation tangible des corps.
Il peint la vérité crue des chairs, des êtres vulnérables et solitaires, sans mise en scène, sans sentiment, sans indulgence pour ses modèles. Il veut que la "couleur soit celle de la
vie" et que les choses qu'il peint "aient l'air d'être venues d'elles-mêmes". Ses portraits comme ceux de Bacon heurtent et surprennent. Leurs deux styles n'ont rien en commun mais
ils partagent la volonté de s'affronter sans concessions aux corps dénudés. Bacon évoquait souvent la "boucherie" pour exprimer les sensations que lui inspirait la nudité humaine,
chez Lucian Freud on ressent parfois une dimension cadavérique dans certains de ses portraits dont les couleurs froides, parfois verdâtres dérangent le spectateur distrait. Le
modèle est observé dans le monde clos de l'atelier, laboratoire du peintre. Même vers la fin de sa vie, Lucian Freud a continué d'aller toujours plus loin dans son œuvre scrutant
sans cesse la vie secrète de ceux qu'il a choisi de peindre. Lucian Freud ne peint que ce qu'il place au sein de cet espace; il y installe ses modèles selon des mises en scène précises, mettant
en jeu le mobilier et les objets raréfiés de l'atelier, accessoires récurrents et reconnaissables des compositions: plante verte, canapé crevé, fauteuil usé, lit en fer, lavabo, murs maculés de
peinture. Les quelques paysages construits selon des angles de vue en plongée, serrés, sont peints en général depuis ses fenêtres ou son seuil. Ainsi, les adresses successives de ses ateliers
constituent des éléments de titre ou de datation (w11, w9…), depuis celui de Paddington où il s'installe en 1943 pour trente ans, jusqu'à la maison de Notting Hill en passant par le loft de
Holland Park.
Ses toiles ont été exposées dans les grands musées du monde entier et des rétrospectives lui ont été consacrées à la Tate Gallery à Londres, au Metropolitan Museum of Art à New York et au Centre Pompidou à Paris. En 2005, Freud expose ses œuvres à la Biennale de Venise. Au cours des dernières années, ses oeuvres se sont vendues à des sommes astronomiques. Au printemps 2008, un de ses tableaux, "Benefits Supervisor Sleeping" (1995), portrait d'une femme obèse endormie nue sur un canapé, s'est vendu près de 34 millions de dollars aux enchères, un record pour un artiste vivant. Mais Lucian freud affichait une indifférence absolue aux mondanités du monde artistique, et aux cotes stratosphériques atteintes par ses toiles aux enchères. Lucian Freud est décédé à l'âge de 88 ans le 21 juillet 2011 à son domicile à Londres. Bien que très riche, Lucian Freud vivait simplement, dans une maison avec jardin située dans le quartier de Notting Hill, où il avait installé ses ateliers à l'étage. L'artiste, qui n'appréciait pas les contraintes de la vie de famille, vivait ces dernières années en célibataire, après avoir eu deux épouses puis des compagnes successives, une dizaine d'enfants et des petits-enfants. A une époque dominée par l’abstrait et l’art conceptuel, Lucian Freud laisse en héritage des œuvres qui prouvent la puissance évocatrice des corps mis à nu. Plus qu'un peintre, Lucian Freud a su marquer le Xxe siècle de son empreinte.
"Je peins les gens non pour ce qu'ils semblent être, ni exactement en dépit de ce qu'ils semblent être, mais pour ce qu'ils sont". Lucian Freud.
Source: Amazon.
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claude grunberg (dimanche, 10 mai 2020 17:15)
Enfin un vrai peintre . Super . Merci .