Louise Bourgeois est née le 25 décembre 1911 à Paris. Elle est la deuxième d’une famille de trois enfants. Ses parents dirigeaient un atelier de restauration de tapisserie ancienne à Choisy-le-Roi. C’est sa mère qui tient la maison, alors que son père est souvent absent, à la recherche d’antiquités, et courant accessoirement le jupon. Il engage une gouvernante anglaise qui devient sa maîtresse. La présence de cette maîtresse au cœur de la maison familiale perturbe et traumatise la jeune Louise. C’est l’irruption de la "cruauté", du trauma chez l’enfant. Une cruauté qui ne s’oublie pas, selon ses mots, et qu’il faudra exorciser pour survivre.
Elle l'exorcisera grâce à l'art. A 11 ans déjà, Louise Bourgeois dessine, souvent des jambes et des pieds. Sa soeur boitait, ce qui l'a marquée. Après son bac, elle fait d'abord des études de mathémattiques à la Sorbonne (1932-1935). A partir de 1936, elle suit des cours de dessin et fréquente l'Ecole du Louvre et les Beaux-Arts de Paris. Elle se forme auprès de Paul Colin, André Lhote, Roger Bissière, Gromaire et Fernand Léger. En 1938, elle se marie avec l'historien d'art Robert Godwater et le suit à New York, elle se consacre à la sculpture en 1949 pour mieux exprimer "le drame d'être un au milieu du monde". En 1951, elle prend la nationalité américaine. En 1993, elle représente les Etats-Unis à la Biennale de Venise.
En 1950, Louise Bourgeois est l'un des premiers artistes à construire des installations. Elle assemble des totems de bois peint, puis des paysages-tanières de latex et de plâtre. Ses objets sont des propositions autobiographiques : "Je souffre, donc je veux parler", "Pour moi, la sculpture est le corps, mon corps est ma sculpture". Elle se donne le droit de "tout couper et de tout rapapilloter". Des êtres hybrides faits de bites, de boules et de mamelons se succèdent en divers arrangements, tantôt abstraits, tantôt clairement démonstratifs. Elle exécute des effigies solitaires (Fillette, 1968; Femme inoffensive, 1971) ou regroupées en famille (La jointure, 1985). Depuis le début des années quatre-vingt-dix, elle exprime la complexité et la permanence du désir au moyen de sculptures exécutées dans des formats de plus en plus importants.
Ses sculptures monumentales, souvent en forme d'araignées, devinrent emblématiques de son travail. L'araignée est un motif récurrent dans son œuvre et symbolise à la fois la mère protectrice et la figure féminine complexe et ambivalente. Les sculptures de Bourgeois sont empreintes d'émotions brutes et de souvenirs de son enfance troublée. Elle utilisait une variété de matériaux tels que le bois, le bronze, le marbre et le tissu pour donner vie à ses visions créatives. En parallèle de son engagement artistique, Bourgeois était également une militante féministe, et ses convictions se reflétaient dans son art. Elle défendait l'expression artistique comme moyen de guérison émotionnelle et d'autonomisation.
La reconnaissance sera venue sur le tard, elle avait plus de 70 ans en 1982 lorsque le Moma lui offre sa première rétrospective. Il s'agit alors d'une grande première: la consécration d'une artiste féminine. Sa première rétrospective européenne a lieu en Allemagne en 1989. En 1999, elle reçoit un Lion d'or, à la Biennale d'art contemporain de Venise, pour l'ensemble de son œuvre. Elle était aussi la première artiste contemporaine à avoir été exposée de son vivant au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, en 2002. Jusqu'en 2005, cette artiste a continué sa thérapie par l'art. "L'art est une garantie de santé mentale", affirmait-elle encore. L'art lui a en tout cas permis de traverser le siècle sans faillir. L'artiste s’est éteinte lundi 31 mai à New York, à l’âge de 98 ans. Elle laisse une œuvre fascinante et poétique qui explore les tourments de l’être dans le huis clos familial.
"Je gueule. Les surréalistes étaient à l'opposé : ils n'admettaient pas que la peine existât. Duchamp, la tête sur le billot, n'aurait pas admis qu'il était impuissant." Citation de Louise Bourgeois.
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