Camille Clovis Trouille, né le 24 octobre 1889 à La Fère, dans l'Aisne, où ses parents étaient horticulteurs. Trouille est un peintre du XXème siècle au parcours des plus personnels. Traumatisé par la guerre de 14-18 ce diplômé des Beaux-Arts d’Amiens un "révolté, un anarchiste" vit son art comme "un exutoire personnel", il n’aura de cesse de dénoncer dans sa peinture "le système de collusion entre l’Armée, l’Eglise et l’Etat". Il se positionne en tant que contestataire social, anticlérical et antimilitariste.
Et, en toute rigueur, pour ne pas lui-même être amené à transiger avec le système – en l’occurrence le marché de l’art – pour pouvoir vivre de sa peinture, Clovis Trouille a exercé toute sa vie un métier qui lui a permis de conserver son indépendance. Un métier peu banal : peintre de mannequins de vitrines. Cela consistait "à peindre des carnations, rehausser des maquillages, dessiner des arcades sourcilières, des grains de beauté, des pointes de sein … ".
Découvert donc en 1930 par Dali et Aragon au Salon des peintres et écrivains révolutionnaires, et très apprécié par André Breton qui voit en lui "le grand maître du tout est permis" et lui proposera de faire une exposition de ses œuvres dans sa galerie. Clovis Trouille refuse, par crainte d’être irrémédiablement sous une étiquette et ce n’est qu’en 1962 qu’il fera sa première exposition personnelle.
Cette première "exposition" sera suivie l’année suivante d’une autre "solennelle", cette fois, à la galerie Raymond Cordier à Paris (elle sera interdite aux moins de 18 ans et aux plus de 70 ans) et, de 1963 à 1970, l’artiste expose régulièrement au salon de Mai. Il aura aussi participé à plusieurs expositions sur le surréalisme, à Paris, en 1960 et 1964, et à Tokyo, en 1975, 50 ans d’un certain surréalisme.
Ses toiles, aux couleurs vives et contrastées, exaltent l’érotisme et la liberté des mœurs. L’anticléricalisme, l’érotisme, l’attirance pour le monde du music-hall et du cirque, la fascination pour les mises en scène macabres teintées de voyeurisme et de sadomasochisme sont autant de thèmes chers au peintre surréaliste.
L’humour est aussi souvent présent dans son œuvre, comme lorsqu’il met en scène ses propres funérailles (Mes funérailles), avec des titres-calembours, comme Oh Calcutta ! Calcutta ! (dont s’inspireront en 1969 les auteurs d’une comédie musicale à Broadway). Ses tableaux se nourrissent aussi de références à la littérature (Le Bateau ivre ) ou à la peinture classique, par exemple Le rêve d’Alice qui renvoie à l’embarquement pour Cythère de Watteau.
Électron libre du monde de l’art, revendiquant son mépris des marchands et des chapelles, Clovis Trouille n’en fut pas moins un observateur passionné de la création artistique de son époque. Toujours incisif dans ses critiques, il a su tisser de profondes amitiés avec des artistes qui comme lui faisaient du refus de la norme une revendication.
Clovis Trouille décéde le 24 septembre 1975 à l'âge de 86 ans à Neuilly-sur-Marne. Beaucoup d’artistes, comme Hervé di Rosa, Bruno Baloup, Anne Van der Linden ou encore Francis Marshall revendiquent leur filiation artistique à Clovis Trouille.
“Je suis pour l’art noir, pour le caractère Maudit. Je rejette la morale de la société bourgeoise, l’imposture de la religion, la morale de ses curés, son patriocularisme.” Clovis Trouille.
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david (vendredi, 19 février 2010 20:21)
“Je suis pour l’art noir, pour le caractère Maudit. Je rejette la morale de la société bourgeoise, l’imposture de la religion, la morale de ses curés, son patriocularisme.” Clovis Trouille."
Voilà des propos qui foutent...la trouille!
J'aime bien, en tous cas...
Son tableau exhibant des bonnes soeurs sexy en bas résilles est assez incroyable...
Merci pour la découverte!