Clovis Trouille, Remembrance (1930), analyse d'oeuvre

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Remembrance (1930)

Remembrance met en scène un cardinal dont le manteau pourpre s’ouvre sur des jambes de femme avec porte-jarretelles et bas noirs tandis qu’un académicien reçoit en pleine figure le pet d’un animal. Au premier plan du tableau, des squelettes de soldats en uniforme (l’un français l’autre allemand) serrent dans leurs bras un lapin au pied d’une croix de bois portant comme seule inscription 1914-1918, la sale guerre où ils se sont fait tirer "comme des lapins". Et c’est au prix de furieuses contorsions que la République détourne de sa vue la pluie de médailles qu’elle déverse du ciel sur un chef militaire.

 

Le tout dans des couleurs vives – comme la plupart des tableaux de Clovis Trouille – avec des contours précis et un grand soin dans le rendu des matières. Profondément marqué par la grande guerre, à laquelle il a été contraint de participer, Trouille dénonce ici le sang des faibles répandu pour le prestige de quelques "élites". L’artiste dit lui-même de cette œuvre – qui le fera connaître des surréalistes en 1930 – qu’elle est "un exutoire personnel provenant du traumatisme de la guerre de 14-18". Une guerre après laquelle, dit-il, "je n’ai pu peindre comme au temps où j’étais un grand peintre".

 

C’est ce tableau qui va marquer Dali, en 1930, lors d’un salon consacré aux artistes révolutionnaires. Dali présentera alors Trouille à Eluard, Aragon et Breton. Bien qu’ayant un peu participé aux activités du groupe surréaliste, Clovis Trouille a finalement conservé ses distances, définissant son art, non pas comme surréaliste, mais comme "super réaliste".

 

Source : RFI.


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