Nous sommes à la fin du XIXème siècle, en France. Avec l'avènement du Second Empire (1852-1870), Napoléon III, régent hautement autoritaire, a instauré une politique culturelle basée sur l'encensement de la grandeur de l'Empire. Les peintres académiques de l'époque peignent volontiers des scènes bibliques, mythologiques ou emblématiques avec des procédés conventionnels et établis : les contours sont lisses, nets et précis, les variations des couleurs sont douces et atténuées quand elles ne sont pas exacerbées par l'utilisation du clair-obscur. Pourtant, une poignée d'artistes, issue des classes populaires, va provoquer une rupture artistique en créant un nouvelle façon de peindre qui va fasciner les générations futures : L'impressionnisme.
L’impressionnisme est donc un courant né dans la seconde moitié du XIXe (1874-1886), et fut un mouvement révolutionnaire à ses débuts du fait de sa modernité jugée parfois "scandaleuse". Ce courant remis en effet en cause les siècles antérieurs de peinture "codifiés", en représentant par exemple le "nu" qui était jusqu’alors totalement rejeté par l’église. Citons par exemple l’oeuvre de Manet "Le déjeuner sur l’herbe" qui représentait une femme nue et qui lui valu l’envoi de son œuvre au Salon des Refusés. Les impressionnistes se caractérisaient donc par leur libre choix des thèmes et ce souhait de reproduire une "impression instantanée", d’où le terme impressionnisme.
Le changement se fait aussi dans l'utilisation de la peinture, ils utilisent une technique qui va donner son nom au mouvement, car les toiles évoquent avant tout une... impression. Ils vont se servir de la juxtaposition des pâtes teintées pour obtenir les teintes (un vert = une touche de jaune déposée sur une couche de bleu) mais aussi les reliefs et les contours. L'ensemble de la peinture n'est que l'accumulation de petites touches de pâtes déposées sur la toile, mais qui donnent des petits mouvements vivants jamais obtenus jusque là, comme si les toiles étaient des champs d'herbes colorées balayées par le vent. Ce sont des peintres de la lumière. Les peintres n’utilisent pas de noir mais plutôt des couleurs claires et souvent pures. Par la juxtaposition de couleurs claires et vibrantes, la reproduction sur la toile d'impressions fugitives, par des traits de brosses rapides et fragmentés, les impressionnistes ont renouvelé leurs sujets.
Le 15 avril 1874 à lieu la première exposition impressionniste, une trentaine de peintres exposent leurs œuvres dans l'atelier de leur ami, le photographe Félix Tournachon, plus connu sous le pseudonyme Nadar, au 35, boulevard des Capucines. Nombre de ces peintres d'avant-garde ont déjà participé onze ans plus tôt au "Salon des Refusés" autour d'Édouard Manet. L'atelier de Nadar reçoit la visite d'un certain Louis Le Roy, critique du journal Le Charivari. Il ironise sur ces artistes qui se détournent de la manière académique en vogue sous le Second Empire et au début de la IIIe République. Il intitule son article "L'exposition les impressionnistes", d'après le titre d'un tableau de Claude Monet, Impression soleil levant (1872), qui fait partie de l'exposition.
L’Impressionnisme tire donc son nom d’un tableau de Monet, Impression soleil levant, peint au Havre en
1872. Cette toile reflète à merveille une manière de peindre qui cherche à saisir l’instant éphémère, qui privilégie la couleur par rapport à la forme et qui laisse l’œil du spectateur recomposer
ce que la touche fragmentée du peintre avait dissocié. En choisissant ce tableau pour cible de ses railleries et en qualifiant d’Impressionnistes les adeptes de cette manière de
peindre, le critique satirique Louis Leroy n’imaginait pas à quel point il était perspicace : ce faisant, à la fois il révélait la naissance d’un courant pictural en quête de lumière, de plein
air et d’impressions fugitives et il témoignait de l’origine géographique de ce mouvement.
Les principaux représentants de l'impressionnisme sont en France : Claude Monet, Pierre-Auguste Renoir, Camille Pissarro, Alfred Sisley, Paul Cézanne, Edgar Degas, Berthe Morisot, Frédéric Bazille. En Allemagne : Max Liebermann, Corinth, Slevogt. En Grande-Bretagne : Philip Wilson Steer. En Italie : Segantini. Le mouvement impressionniste proprement dit s'achève en 1886 avec la dernière grande manifestation du groupe. Ce mouvement donne naissance à un autre mouvement, le post-impressionnisme. Il s'étale de 1885 à 1915 et représente le synthétique, le symbolisme. C'est une approche plus scientifique de la peinture.
L'influence de l'Impressionnisme se perpétue ensuite dans le néo-impressionnisme et le pointillisme d'un Seurat ou d'un Signac et marquera notamment l'oeuvre de Vincent Van Gogh, avant d'être dépassée par le fauvisme et l'expressionnisme. Ses principes seront repris au XXe siècle par le tachisme et l'Op'Art. Si l'intérêt du public est aujourd'hui considérable pour la peinture impressionniste, en témoignent les récentes expositions à succès, une littérature abondante et des ventes inédites, il ne faut pas oublier qu'à leur époque, les tableaux du genre apparurent d'une modernité scandaleuse aux yeux de leur contemporains.
"Un matin, l'un de nous manquant de noir, se servit de bleu : l'impressionnisme était né." Auguste Renoir.
---> Retour à l'index des Mouvements Artistiques.
Écrire commentaire