Issu d'une famille de propriétaire terriens, il intègre le petit séminaire à douze ans, puis le collège royal de Besançon. Après des études médiocres, qu'il abandonne, il part sur Paris fin
1839. A paris, il fréquente plusieurs ateliers de peintres et étudie les oeuvres des "grands" au Louvres, comme Rembrandt,
Hals, Rubens, Caravage ou Titien et en particulier les peintres de l’école
espagnole du xviie siècle: Vélasquez, Zurbaran et Ribera. Il peint ses premières toiles vers 1841-42 et la première partie
de son œuvre, de 1840 à 1848 est principalement consacrée à l’autoportrait (Le désespéré, 1841; L'homme au chien
noir, 1842; L'homme blessé, 1844-1854; L'homme à la ceinture de cuir. Portrait de l'artiste, 1845-1846) et aux paysages.
IL fréquente ensuite assidument la Brasserie Andler, lieu d'effervescence artistique et politique, où il se lie avec des artistes cherchant une troisième
vision de l'art à côté de l'antagonisme entre le romantisme et classicisme, notamment Hector Berlioz et Charles Baudelaire. Il jette alors les
bases de son propre style: Le réalisme. Après un retour à ses origines, à Ornans, il obtient la reconnaissance des artistes établis -Ingres (classicisme) et Delacroix (romantisme)- en recevant une médaille au Salon de 1849 pour
"L'Après-dînée à Ornans". Il choquera ensuite à plusieurs reprise ses contemporains et l'académisme en "secouant" les codes artistiques de
l'époque, notamment avec "Les Casseurs de Pierre" (1849), première oeuvre représentant des bagnards, et que Pierre-Joseph Proudhon qualifiera de "première oeuvre socialiste",
avec "Un enterrement à Ornans" (1851) où il représente une scène populaire dans un format réservé aux tableaux historiques (tableau gigantesque, quasiment en taille
réelle), ou avec "Les Baigneuses" (1853), où il représente une femme normale (grosse, pas idéalisée), et avec les pieds salles (la saletés du corps étant assimilée à la saleté morale à
l'époque).
A partir de 1855, Courbet se lance dans une série de natures mortes et de portraits et soutenu par son mécène Alfred Bruyas, Gustave Courbet s’impose par
ailleurs comme un peintre individualiste et indépendant en organisant la première exposition personnelle et temporaire en marge du Salon de1855.
Il fait bâtir à côté du Palais des Beaux-Arts un pavillon de bois et de briques, le Pavillon du réalisme où il y présente une quarantaine
d'oeuvres et "L’Atelier du Peintre" ayant pour sous-titre évocateur: "Allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique et morale",
refusé quelques semaines plus tôt par le jury à cause de la taille de l'œuvre (3,59m x 5,98m) tandis que son fameux manifeste "Le Réalisme" accompagne son catalogue. En 1859,
il propose une série de peintures plus sage de la côte normande.
Mais agitateur par nature, l'artiste attire à nouveau le scandale, avec Le retour de la conférence (1863) un tableau aujourd'hui
disparu, montrant des ecclésiastiques éméchés et divagants sur une route de campagne. En 1866, il peint "L'Origine du Monde", mêlant un drapée des plus classiques à un gros
plan cru sur un sexe féminin qui ne manquera pas de choquer, encore une fois, les instincts moraux et l'académisme de son temps. Républicain et socialiste, il refuse la
Légion d'Honneur que lui propose Napoléon III. Il sera d'ailleurs nommé président de la commission des musées et délégué aux Beaux-Arts après la proclamation de
la République, le 4 septembre 1870. Le 16 avril 1871, il est élu au Conseil de la Commune de Paris pour le VIe Arrondissement. Il siègera à la commission de l'enseignement. Il proposera la
déboulonnage de la Colonne Vendôme, symbole des guerres napoléoniennes, qui sera finalement abattue par la Commune.
Après la Semaine Sanglante, il est arrêté (7 juin 1871) et jugé par un Conseil de Guerre et condamné à 6 mois de prison et une forte amende de 500 francs. Mais en 1873, le nouveau président de la
république (le maréchal Mac-Mahon) fait reconstruire la Colonne Vendôme aux frais de Courbet (soit plus de 323 000 francs selon le devis établi): Il est acculé à la ruine, ses biens
sont mis sous séquestre, ses toiles sont confisquées. Exilé en Suisse à partir de 1873, il y fréquente assidument les cercles de la petite colonie de proscrits, exilés de la
Commune ne pouvant rentrer en France sous peine de prison. Si, de sa période Suisse, il tirera de nombreuses commandes (qui le pousseront - vu leur nombre - à prendre des "aides" pour
dégrossir les tableaux, et dont parfois il n'hésitera pas à signer des oeuvres achevées) de quoi se renflouer financièrement, il n'en tirera, par contre, que peu
d'oeuvres majeures, contrairement à sa période post-Communarde. Il se lancera aussi, durant cette période, dans la sculpture.
Il refusera toujours de rentrer en France par solidarité avec les exilés de la Commune, attendant, pour se faire, une amnistie générale qui ne viendra qu'en 1880, soit un peu lus de 2 ans après
sa mort (il décède le 31 Décembre 1877). C'est pourquoi il sera enterré en Suisse, à La Tour-de-Peilz. Son corps ne sera rapatrié à Ornans qu'en 1919 où l'on peut toujours voir sa pierre
tombale. Gustave Courbet, figure parmi les pionniers du mouvement réaliste du XIXe siècle et fut un artiste révolutionnaire, qui se moqua des conventions et
s'opposa toujours à l'académisme. Ses peintures controversées ont d'ailleurs servi à influencer d’autres artistes, même bien après son décès en 1877. Mais sa grandeur est sans
doute d'avoir porté en lui une vision réaliste et poétique du monde.
"J’ai étudié, en dehors de tout système et sans parti pris, l’art des anciens et l’art des modernes et puisé dans l’entière connaissance de la tradition le sentiment raisonné et indépendant
de ma propre individualité". Gustave Courbet.
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Miloud (mardi, 27 février 2018 14:52)
Bravo
Diouf (lundi, 24 février 2020 19:33)
Ok