L'artiste Philippe Cognée développe une pratique singulière qui s’inspire de la photographie, associée à un travail sur les effets de la peinture à l’encaustique (mélange de cire d'abeille et de pigments de couleur) chauffée sur la toile. Il recouvre sa toile peinte d'un film plastique sur lequel un fer à repasser chauffe la cire pour la liquéfier, étalant et déformant les formes, créant un enfouissement trouble du sujet dans la matière. "La fabrication d'un tableau nécessite la mise en oeuvre de tout un lot de procédures très précises qui se déroulent par étapes successives. La première est le choix du motif, soit que je puise dans mon réservoir d'images photographiques ou filmées, soit que je capte une image en direct par Internet. Le motif retenu, je le projette sur la toile pour en reporter plus ou moins grossièrement le dessin au fusain. Par la suite, je procède à la mise en peinture de ce motif dessiné en recouvrant la totalité de la surface du tableau à l'aide de peinture à la cire. Enfin, je place un film rhodoïd sur la surface peinte et je la repasse au fer pour faire éclater l'image peinte et la porter à sa résolution finale... Je travaille toujours sur une toile marouflée sur bois, ce qui donne au tableau la nature d'un objet".
Le sujet est entièrement absorbé par la matière. La force de ses images tient à la révélation progressive de celles-ci, à leurs apparitions quasi fantomatiques sous l’encaustique. Son univers peint semble dès lors s’organiser entre deux pôles opposés, construction et destruction. Cette révolution formelle, conférant à la surface un style particulier qui induit un flottement du sujet, s’accompagne d’une thématique résolument contemporaine: Architectures urbaines (des containers, des immeubles, des bibliothèques, baraques de chnatier, etc...) vues aériennes (une autoroute, un champ de colza, etc...), supermarchés, usines de recyclage, chambres froides, objets du quotidien (des chaises, un congélateur, une baignoire, etc...) mais aussi portraits d’amis et vanités.
"Enlever la netteté au sujet, c’est ouvrir le champ de l’imagination et de la mémoire. C’est aussi, par cet écart à la réalité et en laissant la matière se réorganiser pour l’exprimer, affirmer la force et la puissance de la peinture. Je pars d’une peinture réaliste pour aboutir à une peinture d’illusions, d’où le réalisme s’échappe". Philippe Cognée.
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