Pour commencer, quelques mots de l'artiste à propos de cette oeuvre: "J'avais une certaine idée sur la façon dont je voulais être perçu. Maintenant avec les années, je trouve cela très drôle d'avoir voulu ressembler à ce type dur avec une cigarette sortie du coin de ma bouche, une image prétentieuse et agressive de moi-même disant au spectateur, <Hey, remarquez ma peinture, remarquez-moi.> ... Je pense que j'essayais de découvrir qui j'étais comme artiste".
L'envie de Chuck Close d'utiliser la toile a été inspirée par l'utilisation non-hiérarchique de sa surface par la quasi-totalité des artistes de la peinture américaine incarnée pour lui par l'œuvre des expressionnistes abstraits tels que Jackson Pollock. Après avoir pris une photo Polaroid de son sujet, Close fait des tirages photographiques qu'il utilise pour transférer les images sur toile. Utilisant une technique conçue par les maîtres de la Renaissance et adaptée par les peintres contemporains, il superpose une impression de son travail avec une grille numérotée et composée de lettres, puis reproduit l'image bloc par bloc. Dans ce format, l'image devient une mosaïque d'informations visuelles noires, grises et blanches que l'artiste reproduit en pulvérisant sur la toile avec un aérographe, un mélange d'eau et de peinture acrylique noire. Pour réaliser les effets tels que l'illusion de la lumière se réfléchissant sur les poils de sa barbe, il gratte la peinture de la surface de la toile avec une lame de rasoir.
La grande taille de ce portrait est importante car elle permet au spectateur d'interagir avec le travail de Chuck Close de différentes façons. L'artiste déclare: "Je ne veux pas que le spectateur voie toute la tête d'un seul coup d'oeil et croie que c'est l'aspect le plus important de ma peinture". Vous pouvez lire l'oeuvre de différentes façons selon l'endroit où vous êtes situé dans la salle. De loin, il est impossible de le distinguer une photographie haute résolution. De plus près, il est plus difficile de l'appréhender, il prend alors les caractéristiques d'un paysage ambigu ou d'une peinture abstraite. Il est à la fois facile et amusant d'alterner vos lectures de l'image, mais il faut tout de même faire attention à ne pas nuire à l'impact à couper le souffle de l'œuvre".
Big Self-Portrait "Autoportrait blanc sur noir" (Acrylic on canvas - 273.1x212.1cm - Walker Art Center Minneapolis) a été le premier tableau de la série sans signature "portraits monumentaux tête-et-épaule" de Close. L'artiste se partage aujourd'hui entre deux ateliers, l'un à Manhattan, où il travaille surtout en noir / blanc, et l'autre à Long Island où il utilise plus la couleur (uniquement le rouge, le bleu et le jaune) sûrement inspiré par l'espace et la lumière que procure cette région.
"Ce que j'aime avec la photographie c'est qu'elle représente un moment d'arrêt dans le temps, comme un poème. La peinture, quelle que soit sa durée de réalisation, parle toujours de ce moment quintessentiel", Chuck Close.
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