Ce célèbre autoportrait, peint en 1919 (Huile sur toile - 100 x 64.5 cm), juste un an avant la mort de Modigliani (une méningite tuberculeuse le 24 janvier 1920 à l'Hôpital de la Charité), a inspiré de nombreux écrivains captivés par son romantisme qui les a amenés à spéculer largement sur sa signification. Même si beaucoup d'interprétations sont essentiellement des conjectures, la longueur et la finesse du visage, ainsi que sa pâleur et son calme surnaturels, peuvent être dus à la tuberculose. Dans ce portrait, qui rappelle les masques africains ayant fasciné l'artiste par leur simplicité formelle et leur cohérence plutôt que par leur expression intense, Amedeo Modigliani semble avoir réussi à capturer l'essence de son sujet, lui-même. Il retourna même à ses racines fauves pour les teintes frappantes et si typiques de la complication tuberculeuse. Il s'inspira également des sculptures de son ami Brancusi pour la sérénité étudiée, et sa capacité émotionnelle à capturer les profondeurs des ténèbres dans ces objets stylisés. Mais, qu'il le veuille ou non, le maître portraitiste Modigliani, dans cet autoportrait de joues creusées et de lèvres scellées, immortalise plus que son visage. Il a peint le visage de la tuberculose. C'est encore aujourd'hui le seul autoportrait connu de Modigliani qui a longtemps refusé toute image peinte de lui. Se sentant malade, peut-être est-ce là son véritable testament.
"D’un oeil, observer le monde extérieur, de l’autre regarder au fond de soi-même". Amedeo Modigliani.
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