Jacques Brown est né le 22 octobre 1918 à Paris d’une mère anglaise, femme de ménage pour une famille parisienne et d’un soldat américain. De 1933 à 1938, il suit des études littéraires puis des études de droits à l'Institut d'études politiques de Paris. Il rencontre sa future femme Edith Nugues avec qui il aura trois enfants et réalise ses premiers autoportraits ainsi que de nombreux dessins, à la mine de plomb et peintures dont les sujets figuratifs (autoportrait, portraits, nus, paysages). En 1945, il quitte ses fonctions de rédacteur au ministère des Finances pour se consacrer entièrement à l'art.
En 1949, il réalise ses premières lithographies et se lance dans la création de ses premières sculptures en plâtre, "Les Embryons", dans sa chambre de bonne-atelier à Paris. En 1950, il emménage dans un ancien atelier de photographe. Et commence la réalisation de son Bestiaire et réalise ses premières linogravures. Cette nouvelle technique marque un tournant dans sa carrière artistique et l'apparition du style propre de l'artiste. En 1951, il fait la rencontre déterminante pour la suite de sa carrière artistique du sculpteur Etienne-Martin qui devient rapidement son ami et son confident le plus proche.
Dès les années 1950, il expose régulièrement au salon de la Jeune Sculpture au côté de son ami Étienne-Martin. Il est très vite repéré et soutenu par le critique d’art Michel Tapié et le galeriste Rodolphe Stadler. La carrière de l’artiste dépasse les frontières françaises : aux États-Unis, il est régulièrement présenté par la galerie Mayer et Peggy Guggenheim achète même une de ses peintures sur velours. Son inspiration est en grande partie issue de la littérature fantastique, notamment des romans de l’écrivain Lovecraft. Un surprenant univers personnel, nourri donc par ses lectures, mais aussi par son intérêt pour la mythologie, les religions et son goût pour le fantastique. Ceux-ci se retrouvent dans l'intégralité de son oeuvre ( dessins, manuscrits, lithographies, sculptures ainsi que dans ses linogravures).
Entre 1954 et 1955, premier contact avec le polyester stratifié, pour la création d'une nouvelle carrosserie d'une Bugatti 75. La découverte de ce matériau est une véritable révélation. Il abandonne progressivement les matériaux traditionnels. En 1957, il débute la création de peintures sur velours, et en 1960, il arrête définitivement ce travail et reprend frénétiquement ses créations sculpturales. Une exposition personnelle lui ai consacrée à la galerie Mayer à New York. En 1965, début du "Théâtre des Coquilles". Jacques Brown consacre toute son énergie à la réalisation de cette oeuvre d'art totale, qui devait mêler peinture, sculpture, musique, et art de la représentation.
En 1968, il expose à l'hôtel de la Fondation Salomon de Rothschild. C'est un grand succès critique mais l'artiste assume mal cette notoriété et commence à prendre ses distances avec le monde artistique. Entre 1970 et 1975, à cause de l'intoxication au polyester, il revient à une production uniquement picturale avant de mettre un terme à sa carrière d’artiste à la fin des années 1980. Le 21 décembre 1991, Jacques Brown meurt à Paris. A sa mémoire, Etienne-Martin sculpte "L'Hommage à Brown", une sculpture en bois polychrome.
Le musée des Beaux-Arts de Vannes (La Cohue), organisa en 2013 la première rétrospective de cet artiste oublié, dont l'oeuvre repose sur une logique et un imaginaire très personnel. L’exposition organisée par le musée de Vannes permit d’embrasser la totalité de son travail, de mettre en avant sa grande diversité et le plus important d'exposer le travail de cet artiste à présent injustement méconnu du grand public et du monde de l’art. Il est en effet encore aujourd'hui presque totalement absent des livres sur l’art du XX siècle. Et il n’existe aucun entretien avec l’artiste.
"Les gens étaient toujours un peu surpris par les oeuvres de Brown. Elles avaient le don d'étonner les spectateurs. Il s'agissait d'une forme de cuisine épicée dans laquelle se retrouvaient mêlés des personnages angéliques et des images torturées", Etienne-Martin à propos de Jacques Brown.
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