Biographie de Émile Gallé, maître de l'Art nouveau

Découvrez la biographie de l'artiste Émile Gallé, l'une des figures les plus marquantes des arts appliqués de son époque et l'un des pionniers de l'Art nouveau, fondateur et premier président de l’École de Nancy en 1901. Émile Gallé, né à Nancy le 4 mai 1846 et décédé dans la même ville le 23 septembre 1904, est un industriel, MAÎTRE verrier, ébéniste et céramiste français. Consultez la biographie de ÉMILE GALLÉ et découvrez son travail.

Émile Gallé
Gallé

Émile Gallé est né le 4 mai 1846. Fils d’un maître verrier, il est très tôt en contact avec le monde de l’art (faïencerie et cristal) et du commerce. Émile Gallé est considéré comme le plus étonnant artiste verrier de son temps car il contribua grandement au développement de la verrerie d'art et du Style Art Nouveau. Après son apprentissage des métiers du verre à Meisenthal, et de la céramique à la Faïencerie de Saint-Clément, Émile Gallé est associé à l'entreprise de négoce et de décoration de faïence et de verrerie de son père dès 1867. C'est lui qui représente son père à l'Exposition universelle de 1867 à Paris où il obtient une mention honorable pour la verrerie et à l'Exposition universelle et internationale de 1872 à Lyon où il obtient une médaille d'or dans la classe 33 (porcelaine et cristaux).

 

Ses nombreux voyages, dont celui à à Londres ou il travaille au musée Kensington et au jardin botanique de Kew Gardens, lui permettent d'approfondir ses connaissances dans la botanique qui lui serviront plus tard dans son travail de verrerie. Il entreprend ensuite une série de voyage qui le mènera en Italie, en Suisse, ainsi qu’à Paris, où il découvre l’art des cristaux anciens et le style arabe de Brocard, et les vases d’inspiration japonaise d’Eugène Rousseau. Au cours de ces voyages, Gallé visite énormément de musée, et s’inspire des objets d’art et de la verrerie de style médiévale, islamique ou rococo. Très influencé par la nature, notamment les plantes, les insectes et les animaux, ses verreries reflètent son génie et son inventivité quant aux techniques qu’il emploi. Il met à profit son don d’observation et devient l’un des pionniers de l’Art Nouveau. Si les thèmes qui nourrissent l’inspiration artistique d’Émile Gallé ont été multiples (l’Antiquité, le Moyen Âge, la Renaissance, le XVIIIe siècle, l’Orient, l’islam, etc...), la nature demeure sa principale source d’inspiration.

 

L’inspiration botanique de Gallé remonte à ses années de formation en Allemagne durant lesquelles il a étudié la botanique et la minéralogie. Il mène ses premières herborisations à caractère scientifique à l’âge de 14 ans. Toute sa vie, il continue à herboriser. Il pratique la cueillette dans les Vosges et la campagne lorraine. L’herbier est un outil d’observation naturaliste, scientifique et mais aussi poétique, un exercice artistique. Il transcrit ses modèles à l’encre de Chine ou au pastel. Il reste attaché à la flore et la faune de Lorraine. Gallé a une prédilection pour l’ombellifère ou berce des prés, les paysages de montagnes, les fleuves, les lacs, les étangs et les sous-bois ainsi que toute la flore qui s’y développent, iris, nénuphar, arum, plantian d’eau. Il aime les arbres, les arbustes et les espèces grimpantes ou tourmentées et il ne dédaigne pas les essences japonisantes comme la magnolia et le tulipier. Par sa curiosité naturaliste précoce pour la botanique, il participe au renouvellement du répertoire décoratif menacé des sclérose par une répétition peu inspirée des styles.

 

En 1873, il établit son propre atelier de verrerie et l'année suivante il reprit la manufacture de verre et céramique de son père à Nancy. En 1877, Charles et Émile Gallé officialisent le changement de direction. C’est en effet au cours de la décennie 1867-1877 que la production portant la signature Gallé connaît un spectaculaire développement. Gallé reçoit une reconnaissance internationale pour ses verreries très élaborées exposées lors de l’Exposition universelle de Paris en 1878. Cette reconnaissance le consacre en tant qu’artiste verrier. La construction de la première usine Gallé est lancée en 1884. Elle sera effective un an après. Gallé voyait dans le recours à la machine la possibilité de produire à moindre coût des objets destinés à une plus large clientèle. Ainsi, les chefs-d’oeuvre, pièces uniques ou de petite série, cohabitent avec les pièces de grande série dont la large diffusion a contribué à la reconnaissance internationale du foyer lorrain d’art décoratif et industriel.

 

Son intérêt marqué pour la technique et ses variations autour des thèmes décoratifs en font une référence. Émile Gallé devient un important ambassadeur du cristal en France et à l’étranger, à partir de l’exposition Universelle de 1889: Son art du verre devient emblématique de l’Art nouveau. Pour ses productions de verreries et vases très réputés, il expérimente de nouvelles techniques décoratives: il élargit la gamme de couleur, travaille le verre dans la masse, ajoute des poudres, des paillettes, des feuilles d'or ou des bulles, grave à la roue et à l'acide, etc... Il dépose un brevet pour sa méthode d'insertion à chaud de fragments de verre créant ainsi une sorte de marqueterie de verre. Il est le fondateur de l’Ecole de Nancy en 1901 en collaboration avec Louis Majorelle, Eugène Vallin, les Frères Daum, René Lalique, Jacques Grüber et d’autres, dans un souci de rassembler tous les artistes, artisans et industriels lorrains appartenant à ce mouvement artistique "Art Nouveau".

 

Il reste principalement dans les mémoires pour ses productions en verre multicouche travaillé à l’acide. Le principe: Une pièce constituée de plusieurs couches successives de verre de différentes couleurs est plongée dans un bain d’acide qui ronge certaines zones (le reste est protégé par du goudron), ce qui fait apparaître le décor. Le verre qu'il a créé était très élaboré: stratifié, émaillé, transparent, translucide, moulé ou gravé à l'acide. La Nature a inspiré ses dessin, il représenta des motifs plus tôt floraux, certains avec des feuillages ou des paysages ou d'aspect japonisant. Il a développé une technique spécifique de production de verre taillé, gravé, rehaussé de motifs émaillés, de couleurs lumineuses et de transparences du matériau. Il réalise également des lampes et des vases. Son travail de haute qualité et le coût raisonnable des œuvres de Gallé qualifient l’industrie Gallé. Il meurt en 1904 à Nancy, sa femme reprend la gestion de l’entreprise jusqu’en 1914, date du début de la guerre. La verrerie Gallé, conçue principalement à partir de gravure à l’acide, est produite jusqu’à la fermeture de l’usine en 1936.

 

Gallé laisse derrière lui une œuvre immense: Lampe Art Nouveau, soupière en faïence, figurine japonaise, vases, coupes, suspension, bijoux, urne à parfum, etc... Léguée à la ville, la quasi-totalité de sa collection sera rassemblée à partir de 1968 au musée de l’Ecole de Nancy, dont le parcours dévoile la place centrale tenue par Gallé au sein du mouvement Art nouveau d’un point de vue régional mais aussi international. Réhabilité à partir des années 1960, Gallé apparaît aujourd’hui comme une référence dans le monde entier et jusqu’au Japon, où il est admiré comme un lien entre l’archipel et l’Occident. En témoigne le musée qui lui est dédié à Nasu, dans le département de Tochigi, à environ 150km au nord de Tōkyō.

 

"Je maintiens, en effet, qu’on le raille ou non, mon mode d’appliquer, – comme les artistes du Moyen Age, qui bâtissaient sur de la foi et sur des idées, – d’appliquer, dis-je, des textes à mes vases et d’édifier mes acheteurs par des écritures." Émile Gallé.

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